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Médias et autres

Exposition « Regard alternatif »

Pascal DELLIAUX – Pressoir de Mardié (Loiret), 14, 15 & 16 juin 2019

 

Discours prononcé au vernissage de l'exposition.

 

Extraits :

« J’ai dit que Pascal est venu exposer ses œuvres. Je n’ai pas dit ses photographies, mais bien ses œuvres car ce qu’il nous montre, c’est un peu plus que des photographies.

Au départ, si je puis dire, Pascal est photographe, photographe amateur mais amateur très éclairé, fréquentant assidûment les clubs photo, notamment celui des cheminots de Fleury-les-Aubrais [ ainsi  qu' ACAPI, le club photo de la ville d' Ingré - Ndlr ].

Il est aussi intéressé et curieux de tout ce qui concerne les arts plastiques.

C’est en cherchant comment dépasser la photographie classique, dont on dit, à tort, qu’elle est une reproduction du réel, que Pascal a découvert, redécouvert plutôt, les procédés anciens de photographie ».

« Étant moi-même photographe, je voudrais dire ce que m‘inspirent les images, les œuvres de Pascal.

Ce qui m’a frappé, au premier regard, quand je les ai découvertes, c’est d’abord le rendu de la matière, l’impression de présence du phare, du bateau, de la jeune fille dans leur cadre.

Cela est lié, sans aucun doute, au procédé chimique et au papier utilisé, méthodes complètement différentes de celles de la photographie numérique à laquelle nous sommes habitués maintenant, même si son développement grand public n’a pas 20 ans ».

« Ce n’est pas par nostalgie que l’on revient à des procédés anciens, physico-chimiques plutôt que numériques. Pas par nostalgie ? Si, un peu, sans doute ».

« Il n’y a pas que de la nostalgie, donc, loin de là. Il y a l’idée de porter un autre regard, un regard alternatif comme le dit le titre de l’exposition.

Autre regard sur les paysages, les plantes, les personnes que l’on veut représenter.

Mais autre regard, plus encore, sur ce que c’est qu’une image.

On voudrait que le spectateur, lui aussi, ait un autre regard, pas seulement sur le phare, le bateau ou la jeune fille, mais sur l’image elle même.

Je vais paraphraser René Magritte en disant à mon tour « ceci n’est pas un phare, ceci n’est pas un bateau, ceci n’est pas une jeune fille. » C’est vrai de toute image, quel qu’en soit le procédé (peinture ou photographie). Une image, ce n’est jamais la réalité, ce n’est même jamais la reproduction de la réalité. C’est une représentation de la réalité. Re-présentation. L’artiste présente sa vision de la réalité, essaie de transmettre l’émotion que lui a procuré le spectacle de la réalité à travers son regard. Une photographie classique, qu’elle soit argentique ou a fortiori numérique, par sa précision ou par l’impression de précision qu’elle donne, peut faire croire qu’il s’agit de la réalité – et cette illusion est le plus souvent entretenue. On se souvient du slogan « le choc des images, le poids des mots. » [ Il s'agit du slogan "Le poids des mots, le choc des photos", du magazine "Paris-Match" - Ndlr ].  Pas plus que les mots, les images ne sont, bien sûr, la réalité. Juste une tentative de rendre compte, de représenter la réalité et, donc, de lui donner du sens. Peut-être les images, tout comme les mots, n’en ont-elles, ainsi, que plus d’intérêt, plus de vertus que la réalité elle-même.

Les images de Pascal Delliaux provoquent une double interrogation, une double émotion : ce sont des images, de belles images, et ce sont des images qui obligent à réfléchir à ce que c’est qu’une image. En s’éloignant ostensiblement de l’idée de reproduction fidèle de la réalité, les œuvres de Pascal Delliaux obligent le spectateur à porter lui-même un regard alternatif non seulement sur ce qu’elles représentent, mais sur les images elles-mêmes ».

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